By continuing to use our site, you consent to the processing of cookies, user data (location information, type and version of the OS, the type and version of the browser, the type of device and the resolution of its screen, the source of where the user came from, from which site or for what advertisement, language OS and Browser, which pages are opened and to which buttons the user presses, ip-address) for the purpose of site functioning, retargeting and statistical surveys and reviews. If you do not want your data to be processed, please leave the site.

La Voix Des Personnes Atteintes D'un Cancer Du Sein

Éducation

blogue À nous la parole


Mon magnifique bébé m’a sauvé la vie

Par Samantha Chinn

Je me rappelle être assise dans la petite salle. J’attendais que le médecin arrive. Je me sentais nerveuse, mais je n’étais pas inquiète. Le docteur entra et me demanda comment j’allais. Je répondis joyeusement, comme je le fais habituellement, que tout allait bien, mais j’ajoutai que « ça dépendait de ce qu’il avait à me dire… ha ! ha ! ha ! » Je riais, mais ma jovialité disparut rapidement lorsque mon médecin s’assit et prononça les mots « c’est mauvais ». Mon cœur s’arrêta. Il dit ensuite : « C’est le cancer ». Mon cœur s’arrêta à nouveau.

J’avais 31 ans et j’étais enceinte de huit mois. Après avoir senti une bosse sous la douche et subi une échographie suivie d’une biopsie, je recevais un diagnostic de carcinome canalaire infiltrant de grade 3 (le plus élevé) d’un diamètre de 1,5 cm à récepteurs d’œstrogènes et de progestérone positifs et surexprimant la HER2.

Ma première préoccupation fut mon petit trésor dans mon ventre, Sophia. Les docteurs m’assurèrent que Sophia allait bien et que la tumeur ne l’affectait d’aucune façon.

Rencontrer Sophia plus tôt

Recevoir un diagnostic pendant ma grossesse compliqua certainement mon traitement. J’avais initialement planifié de faire appel à une sage-femme pour mon accouchement. Cependant, être à haut risque signifiait que je devais consulter un obstétricien rapidement. Le deuxième problème résidait dans le fait qu’il fallait que Sophia quitte son nid douillet plus tôt pour me permettre d’être opérée sans tarder.

Après avoir discuté de mes préoccupations liées à un déclenchement immédiat (plus de six semaines avant la date prévue d’accouchement), mon chirurgien fut heureux de laisser Sophia dans mon ventre jusqu’à ce que je reçoive les résultats du test de dépistage génétique. Cela me permit de gagner quatre semaines de grossesse.

Mon obstétricien s’avéra vraiment excellent. Il accéda à ma demande de déclencher l’accouchement seulement quelques jours avant ma date prévue d’opération. Cela signifiait que Sophia viendrait au monde juste deux semaines plus tôt et, par conséquent, qu’elle n’aurait pas à passer du temps additionnel à l’hôpital. Cette décision aurait pu se retourner contre moi si une césarienne avait dû être pratiquée ou s’il y avait eu des complications lors de l’accouchement. Heureusement, tout se déroula rondement et ma date d’opération demeura la même.

D’une certaine façon, je fus chanceuse de recevoir un diagnostic vers la fin de ma grossesse puisque je pus la mener à terme. Si mon cancer avait été diagnostiqué en début de grossesse, mes options auraient été complètement différentes. J’aurais peut-être même dû subir ma chirurgie mammaire ou commencer ma chimiothérapie pendant ma grossesse, ce qui n’aurait pas été idéal.

Dépistage génétique

Quelques jours après l’annonce de mon diagnostic, je subis un test de dépistage génétique pour savoir si mon cancer était héréditaire. Les tests se concentrèrent surtout sur les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2. Heureusement, les résultats s’avérèrent négatifs. Il s’agissait d’une excellente nouvelle puisque cela signifiait que je n’avais pas transmis la mutation à Sophia.

Déclenchement du travail et opération

Le déclenchement du travail eut lieu deux semaines avant la date prévue d’accouchement et tout se déroula bien (une fois l’analgésique magique administré du moins !). Je tenais maintenant ma petite fille chérie dans mes bras et elle était en parfaite santé. Mon opération était planifiée quelques jours plus tard, mais elle fut retardée d’une semaine puisque les résultats des tests génétiques se faisaient attendre.

L’intervention chirurgicale se déroula bien et je guéris sans problème. J’étais censée me retenir et ne pas prendre Sophia dans mes bras pendant une à deux semaines pour permettre à mes points de suture de cicatriser. Je mets au défi n’importe qui de résister et de ne pas tenir dans leurs bras leur nouveau-né pour une aussi longue période. J’obéis aux ordres du médecin le jour de l’opération. Simon, mon mari, déposa Sophia sur moi pour un câlin ce soir-là. Dès le lendemain, ce fut plus fort que moi et je ne me conformai pas aux consignes qui m’avaient été données. Je suis habituellement une bonne patiente qui suit les directives, mais j’avais l’impression que je pouvais prendre Sophia dans mes bras ; elle était si petite et légère.

L’allaitement

Avant mon diagnostic, j’espérais vraiment pouvoir allaiter Sophia. Choisir entre une tumorectomie et une mastectomie totale devint alors une importante décision. L’absence d’une mutation des gènes BRCA exclut la nécessité de recourir à une mastectomie totale, ce qui augmentait mes probabilités d’allaiter. Je refusai plus tard cette mastectomie optionnelle.

J’eus la chance de pouvoir allaiter Sophia pendant les cinq premiers jours. Je pus ainsi donner à Sophia du colostrum (le lait maternel produit durant les premiers jours de vie du bébé). Je dus arrêter pour soigner une mastite. Je pris des antibiotiques pour réduire l’inflammation dans mes seins et pour me débarrasser de l’infection. Le report de ma tumorectomie s’avéra une bénédiction puisque j’avais besoin de cette semaine supplémentaire pour que les antibiotiques agissent et que tout soit réglé avant mon intervention chirurgicale.

Même si je ne pus pas allaiter au-delà des cinq premiers jours, j’eus la chance d’avoir accès à du lait provenant d’une banque de lait maternel locale, la NorthernStar Mothers Milk Bank. Habituellement, ce service est offert aux bébés très prématurés qui ne peuvent pas être allaités par leur mère. Ils firent une exception pour moi étant donné ma situation et me donnèrent généreusement un approvisionnement de trois mois de lait maternel.

Le traitement

Après m’être rétablie de mon opération, je commençai mes traitements de chimiothérapie (toutes les trois semaines pendant quatre cycles) et de Herceptin (toutes les trois semaines pendant 17 cycles). Après, j’eus quelques semaines pour me remettre avant d’entreprendre la radiothérapie (je recevais encore du Herceptin à ce moment). Je subis des traitements de radiothérapie sur une base quotidienne pendant quatre semaines, sauf les fins de semaine.

Sophia et Simon me tinrent compagnie pendant mes traitements de chimiothérapie. Pour des raisons évidentes, ils ne pouvaient pas m’accompagner pendant mes traitements de radiothérapie.

Simon et moi pûmes compter sur le soutien de nos familles et de nos amis. Ils nous aidèrent durant cette expérience. Tous les membres de ma famille habitent au Royaume-Uni (à l’exception de ma belle-sœur qui vit aussi au Canada). Cela ne les empêcha pas de tous prendre le temps de venir nous visiter (à de multiples reprises) pour nous aider, Simon et moi, malgré leurs horaires chargés. C’était incroyable. Mais surtout, je n’aurais pas réussi à affronter cet « accident de parcours » sans l’amour et le soutien de Simon. Il est à la fois mon pilier et un père formidable !

Bien sûr, le moment n’était pas idéal, mais d’une certaine façon, le jeune âge de Sophia rendit plus faciles ma convalescence et la gestion de la chimiothérapie et des autres traitements. Elle dormait la plupart du temps. Si mon diagnostic était tombé maintenant, alors que Sophia a 18 mois et qu’elle est active, l’épuisement aurait été d’un tout autre ordre.

L’optimisme

Je suis une personne foncièrement optimiste et je crois sincèrement qu’on peut et qu’on devrait trouver un aspect positif à toute mauvaise situation. Pour ma part, je me suis concentrée sur ma magnifique petite fille qui m’a sauvé la vie. Si je n’avais pas été enceinte, ma tumeur n’aurait probablement pas grossi suffisamment rapidement pour que je me rende compte d’un changement. Concilier traitement et bébé naissant ne fut pas facile, mais Sophia créa une heureuse diversion.

Mon parcours m’inspira l’idée de tenir un blogue. Relater mon histoire et partager mon expérience et mes conseils s’avéra pour moi très thérapeutique. Ce blogue deviendra également très utile lorsqu’arrivera le temps pour Simon et moi de raconter à Sophia comment elle m’a sauvé la vie.

Au cours de mon traitement, je plaisantais souvent en disant que la vie m’avait réservé cette surprise parce que Sophia était tellement un bon bébé que j’avais besoin d’un défi supplémentaire. Même si je n’aimais pas ce défi, je décidai de l’affronter directement. Un an après ma radiothérapie, je vis maintenant sans cancer. Ma vie s’annonce belle et je veille à chérir chaque jour passé auprès de Simon, Sophia et Bertie, notre adorable bulldog anglais.