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La voix des personnes atteintes d'un cancer du sein

Éducation

blogue À nous la parole


Double mastectomie : les hauts, les bas et tout ce qu’il y a entre les deux

Par Liz Moore

En décembre 2021, cela faisait quelque temps que je ne me sentais pas bien. Mon médecin de famille ne prenant pas mes préoccupations au sérieux, mon mari se sentit obligé d’intervenir. Il insista pour que l’on me fasse faire un bilan de santé avec tous les analyses et examens nécessaires. Je ne sais pas où je serais aujourd’hui si mon mari n’était pas intervenu. Je suis allée faire les analyses, mais je devais attendre le mois de mars pour la mammographie.

Lors de la mammographie, la technologue a commencé à me poser plein de questions, ce qui a éveillé en moi des soupçons. C’est sans surprise que l’on m’a rappelée pour me dire que je devais faire une échographie complémentaire. Mais, c’est quand on m’a appelée pour me dire que je devais faire une biopsie que j’ai commencé à comprendre, au plus profond de moi, qu’il y avait un problème et qu’il se pouvait bien que cela soit un cancer. Une fois les rapports publiés, j’ai regardé les photos de mes seins. J’ai effectué des recherches pour comprendre ce que ces rapports disaient et ce que signifiaient les termes médicaux employés. Je me suis informée sur la classification BI-RADS, un système de rapports et de données en imagerie que les professionnels de la santé utilisent pour décrire les résultats d’une mammographie, et sur ce qu’une mammographie classée Bi-RADS 4 signifiait. Il s’agit de la plus haute classification que l’on peut attribuer à une mammographie sans rapport de pathologie. J’ai appris la présence d’une masse « spiculée », c’est-à-dire d’une masse qui présente des spicules — ou pics — à sa surface. Avant même d’avoir vu un chirurgien, je savais qu’il s’agissait d’un cancer du sein.

J’ai reçu mon diagnostic officiel le 12 avril 2022 : j’avais un carcinome invasif de stade II. Sans aucune hésitation, j’ai choisi la double mastectomie parce qu’en 2015, on m’avait fait une tumorectomie dans mon autre sein à cause de la présence de calcifications — mais aucune tumeur cancéreuse n’avait été découverte à l’époque. Pour moi, mes seins n’étaient pas en bonne santé et il fallait que je m’en débarrasse! D’un point de vue émotionnel, c’était un moment très effrayant et très dur.

Heureusement, je n’ai pas eu à attendre bien longtemps. Mon opération a eu lieu le 4 mai 2022 et cela a changé ma vie. L’opération ayant été un succès, je n’ai eu besoin que d’un mois pour récupérer et retourner à ma vie d’avant, comme s’il ne s’était rien passé. J’ai recommencé à faire du golf cinq jours par semaine et j’ai repris mon travail à temps partiel. N’ayant pas besoin de faire de chimiothérapie ou de radiothérapie, j’ai continué à vivre dans cet état d’euphorie pendant tout l’été. Je n’arrêtais pas de me dire que je m’en étais très bien sortie par rapport à d’autres femmes. L’été arriva à sa fin et l’euphorie prit fin également. Je fus frappée de plein fouet par l’hiver ainsi qu’un choc émotionnel. J’avais l’impression que tout mon monde s’écroulait autour de moi. Ayant enfin réalisé ce qui m’était arrivé en mai, j’étais sous le choc.

Les effets secondaires les plus difficiles, ce sont les hauts et les bas sur le plan émotif, ainsi que les moments où je ne ressens rien. Sous certains aspects, on peut dire que les jours où je ne ressens rien sont les plus problématiques. Je suis un traitement anti-hormonal (Arimidex) que je dois prendre chaque jour et dont les effets secondaires ne sont pas du tout agréables. J’ai pris du poids et mon taux de cholestérol ayant augmenté, je dois prendre une statine, un médicament qui permet de baisser le taux de cholestérol. Cela engendre également des douleurs physiques qui peuvent être difficiles à supporter. J’ai essayé de vivre sans prothèses mammaires, car celles-ci me causent des douleurs névralgiques atroces, mais on me fait des remarques et on me demande pourquoi je ne les mets pas et si je n’ai pas envie de ressembler aux autres femmes. Ce sont les choses les plus dures que j’ai eu à entendre et à encaisser.

Chaque jour, quand je me réveille, je me dis que j’ai de la chance de voir un autre jour et d’être entourée de ma famille et de mes amis. C’est un jour de plus où je peux m’adonner à ce que j’aime faire. Qu’il s’agisse de jouer au golf lorsque le temps le permet ou de promener mon chien, je suis toujours partante!

Certains jours, il peut m’arriver de ne pas pouvoir accepter que j’aie eu un cancer du sein et qu’on m’ait enlevé les seins. Je ressens tous les jours de la douleur au niveau des incisions et cette douleur me rappelle sans cesse ce qu’il s’est passé. On ne cesse jamais totalement de penser que l’on a eu un cancer du sein et qu’il pourrait revenir. J’ai du mal à conserver la foi. J’ai du mal à voir la finalité de tout cela et à voir ce que cela m’a apporté. Je suis le genre de personne qui sait renverser une situation de façon à ce quelqu’un d’autre puisse en tirer quelque chose de positif. Mes enfants et ma famille éloignée ont du mal à comprendre ce qu’il m’est arrivé. Les amis et parents qui sont restés à mes côtés — oui, certains de mes amis et des membres de ma famille éloignée ont choisi de prendre leurs distances — essaient de me soutenir du mieux possible, mais cela ne m’aide malheureusement pas.

Mon mari est celui qui comprend le mieux ce qu’est un cancer, car il se bat lui-même contre un lymphome. Certains jours, je me sens pleine de gratitude et je suis heureuse d’être en vie, et d’autres jours, j’ai envie de me cacher parce que, sans prothèses mammaires, j’ai l’impression de ressembler à un monstre. C’est épuisant, parfois, de nager à contre-courant. Je dois faire en sorte de rester positive et optimiste, et de me débarrasser de cette inquiétude omniprésente. J’ai la chance de bénéficier de l’aide d’un bon thérapeute.

Le plus grand impact que le cancer du sein a eu dans ma vie est de savoir que la plupart des gens ne souhaitent pas vraiment en parler. Ce n’est pas un sujet de discussion. C’est très frustrant. Il n’y a pas beaucoup de ressources gratuites en termes de groupes de parole ou de thérapie, c’est dommage. Il faudrait qu’il y ait plus d’aides pour les personnes qui sont ou ont été atteintes de cette maladie.